06 novembre 2005

Essai pour un historique de la verrerie de Meisenthal


En 1702, le verrier Georges WALTER écrit dans sa chronique que ses ancêtres avaient une verrerie à Soucht et que, comme le bois de chauffage manquait, ils ont reçu l'autorisation du Duc de Lorraine Léopold Ier de transporter leur verrerie au lieu-dit "Meiserbach».
En 1702, Jean-Martin, Jean-Nicolas et Etienne WALTER, Sébastien BURGUN et Martin STENGER établissent la verrerie de Meisenthal sur le terrain d’une ancienne verrerie détruite.
En 1704 le premier bail pour la verrerie de Meisenthal est établit avec le Duc de Lorraine pour 30 ans.
En 1711 la verrerie de Meisenthal est refaite à neuf.
En 1721 les verriers de Meisenthal fondent dans les environs de Goetzenbruck une autre verrerie « qui fabriquera bien pendant cent ans les mêmes produits que Meisenthal ».

Vers 1792, après la Révolution Française, la verrerie de Meisenthal, qui était seulement louée jusque là, est achetée par des héritiers des fondateurs : Jean-Martin, Jean-Nicolas et Etienne WALTER, Sébastien BURGUN et Martin STENGER.
En 1800 la verrerie de Meisenthal a 18 associés et 56 ouvriers qui produisent de la gobeleterie, du verre de montre et du verre à vitre.
En 1823, la verrerie de Meisenthal est appelée "Verreries de Meisenthal".
A partir de 1824, la verrerie de Meisenthal s’appelle "BURGUN, SCHVERER et Cie".
En 1824 la production de verre à montres est transférée de Meisenthal vers Goetzenbruck.

En 1834, la verrerie de Meisenthal présente pour la première fois à l’exposition régionale de Metz des verres en cristal qui se remarquent particulièrement à cause de la "régularité de la forme et de la précision de la coupe transversale".
En 1855, lors de l’Exposition Universelle de Paris, la verrerie de Meisenthal reçoit une éloge particulière pour ses vases grand format et ses opalines de "qualité et de pureté".
En 1857 la parution du"tarif du Verrier" de "Meysenthal/Goetzenbruck" présente encore des produits fabriqués en commun, "marchandises de tasse de chaque type, des verres de montres en cristal et verre habituel". La même année, les deux verreries cessent leurs relations commerciales d’un commun accord.

Dans les années 1860 « BURGUN, SCHVERER et Cie » est dirigée par Nicolas Mathieu BURGUN qui est le premier à être en affaires avec le fabricant de verre, céramique et meubles Charles REINEMER-GALLE de Nancy.
A partir de 1867 son fils Emile GALLE ira à Meisenthal en apprentissage.
Dans les années suivantes, une coopération étroite se développe jusqu’à la guerre franco-allemande de 1870/71. Cette coopération reprendra dans des circonstances difficiles en 1894.
En 1867 la verrerie de Meisenthal obtient une médaille d'argent lors de l’exposition universelle de Paris.
En 1867 Emile GALLE travaille à Meisenthal, et commence comme ébaucheur dans l'entreprise de son père à Nancy et St. Clément.

Vers 1883 sortie du livre d'échantillons "Verreries de Meisenthal". Le verre moulé, à la mode, s'y ajoute à quelques nouveautés comme p. ex. des vierges, des chandeliers, des beurriers et des sucriers de couleurs vives en forme de poulet, de canard ou de tortue. Le catalogue étant rédigé en français, il faut supposer qu'il s'agit de produits pour le marché français.

Entre 1885 et 1895, Meisenthal devient l'entreprise la plus importante en verre décoratif artistique de Lorraine allemande.
A la même époque, un "contrat secret" règle la coopération entre "BURGUN, SCHVERER et Cie.", GALLE et CHRISTIAN.
Après la dissolution prématurée du contrat, en 1894, BURGUN, SCHVERER et Cie ont commercialisé de la verrerie d’Art sous la marque "Verrerie d’Art de Lorraine" ("Lothringer Kunstglasshütte")

Vallerysthal et Meisenthal deviennent les entreprises les plus importantes en verreries d’art en Alsace/Lorraine occupée.
Désirée CHRISTIAN (1846-1907) est créateur à la verrerie de Meisenthal, pour le verre et la porcelaine, type Art Nouveau.
Le nombre d’ouvriers passe de 350 en 1886 à 450 en 1893.
En 1888/ 1889 la verrerie de Meysenthal, « BURGUN, SCHVERER et Cie. », demande au tribunal de première instance de Sarreguemines la protection de ses moules pour : échantillon d'un verre moulé avec fermeture à vis ; échantillon n° 20, représentant une bouteille de liqueur en forme de flûte ; échantillon n° 21 échantillon d’une bouteille de poche avec prolongation jusqu'à 3 ans et différents articles.


1889 la verrerie de Meisenthal et Emile GALLE brillent à l’Exposition Universelle de Paris.
En 1894 GALLE développe une production de verre à Nancy et à Meisenthal.
Entre 1900 et 1919 la verrerie de Meisenthal "BURGUN, SCHVERER et Cie."se transforme en "Verreries de Meisenthal et société en commandite par actions"

Après 1900, la verrerie de Meisenthal fabrique des services de table en cristal et demi cristal soufflé à la bouche ainsi que du verre creux et du verre moulé, la commercialisation ayant essentiellement lieu grâce aux catalogues et aux établissements de Berlin, Hambourg, Paris et Londres, après 1900 à Sarreguemines et Milan, vers 1915 à Buenos Aires et au Mexique.
1907 parution du catalogue d'échantillons "Glashütte Meisenthal" avec des verres moulés. (collection Musée de Meisenthal)
1911 parution du catalogue d'échantillons "Verreries de Meisenthal".

Vers 1912, la verrerie de Meisenthal emploie environ 500 ouvriers. Meisenthal était alors un village animé grâce au raccordement ferroviaire, avec une demi douzaine de restaurants, hôtels et cafés.
La production de la verrerie de Meisenthal fut florissante jusqu’au déclenchement de la 2nde guerre mondiale. Le point le plus important ayant été la production de verre moulé à la presse destiné exclusivement à l’exportation vers les Etats-Unis.
1927 parution du catalogue "Verreries de Meisenthal", 93 pages en français avec "services de table et à liqueurs", "Gobeleterie soufflée et moulée à la presse" ainsi que "articles divers".
Un grand choix d’articles ménagers en verre pressé et soufflé se trouve dans le catalogue.
Entre 1935 et 1961, la Sté « BURGUN, SCHVERER & Co » se transforme en « Verreries de Meisenthal Société par Actions » puis en « Verreries de Meisenthal Société Anonyme ».
Après la fin de la 2nde guerre mondiale, la production s’oriente vers le verre décoratif artisanal et la fourniture pour la restauration (Brasseries de la Sarre, brasseries Munichoise, etc.).
Parution dans les années 60 du catalogue "Verreries de Meisenthal" avec une production qui restera quasiment identique jusqu’à la fermeture. Le verre moulé et pressé existe à peine, la majorité des articles étant en verre ou cristal soufflé bouche et taillé : "services de table" - carafes, cruches et verres identiques - couvrants la plus grande partie de l'offre qui s'adresse surtout à de grandes maisons privées, à des restaurants ou à des brasseries ("Articles Publicitaires pour Brasseries") et à des sociétés de transport ("Wagon Lits")
De 1965 à 1969 la verrerie de Meisenthal connaitra sa dernière directrice, madame MAAS, le dernier nom sera : "Cristalleries-Verreries de Meisenthal Société anonyme".
En 1969, la verrerie de Meisenthal sera fermée et environs 300 ouvriers seront licenciés.