07 novembre 2005
06 novembre 2005
Essai pour un historique de la verrerie de Meisenthal
En 1702, le verrier Georges WALTER écrit dans sa chronique que ses ancêtres avaient une verrerie à Soucht et que, comme le bois de chauffage manquait, ils ont reçu l'autorisation du Duc de Lorraine Léopold Ier de transporter leur verrerie au lieu-dit "Meiserbach».
En 1702, Jean-Martin, Jean-Nicolas et Etienne WALTER, Sébastien BURGUN et Martin STENGER établissent la verrerie de Meisenthal sur le terrain d’une ancienne verrerie détruite.
En 1704 le premier bail pour la verrerie de Meisenthal est établit avec le Duc de Lorraine pour 30 ans.
En 1711 la verrerie de Meisenthal est refaite à neuf.
En 1721 les verriers de Meisenthal fondent dans les environs de Goetzenbruck une autre verrerie « qui fabriquera bien pendant cent ans les mêmes produits que Meisenthal ».
Vers 1792, après la Révolution Française, la verrerie de Meisenthal, qui était seulement louée jusque là, est achetée par des héritiers des fondateurs : Jean-Martin, Jean-Nicolas et Etienne WALTER, Sébastien BURGUN et Martin STENGER.
En 1800 la verrerie de Meisenthal a 18 associés et 56 ouvriers qui produisent de la gobeleterie, du verre de montre et du verre à vitre.
En 1823, la verrerie de Meisenthal est appelée "Verreries de Meisenthal".
A partir de 1824, la verrerie de Meisenthal s’appelle "BURGUN, SCHVERER et Cie".
En 1824 la production de verre à montres est transférée de Meisenthal vers Goetzenbruck.
En 1834, la verrerie de Meisenthal présente pour la première fois à l’exposition régionale de Metz des verres en cristal qui se remarquent particulièrement à cause de la "régularité de la forme et de la précision de la coupe transversale".
En 1855, lors de l’Exposition Universelle de Paris, la verrerie de Meisenthal reçoit une éloge particulière pour ses vases grand format et ses opalines de "qualité et de pureté".
En 1857 la parution du"tarif du Verrier" de "Meysenthal/Goetzenbruck" présente encore des produits fabriqués en commun, "marchandises de tasse de chaque type, des verres de montres en cristal et verre habituel". La même année, les deux verreries cessent leurs relations commerciales d’un commun accord.
Dans les années 1860 « BURGUN, SCHVERER et Cie » est dirigée par Nicolas Mathieu BURGUN qui est le premier à être en affaires avec le fabricant de verre, céramique et meubles Charles REINEMER-GALLE de Nancy.
A partir de 1867 son fils Emile GALLE ira à Meisenthal en apprentissage.
Dans les années suivantes, une coopération étroite se développe jusqu’à la guerre franco-allemande de 1870/71. Cette coopération reprendra dans des circonstances difficiles en 1894.
En 1867 la verrerie de Meisenthal obtient une médaille d'argent lors de l’exposition universelle de Paris.
En 1867 Emile GALLE travaille à Meisenthal, et commence comme ébaucheur dans l'entreprise de son père à Nancy et St. Clément.
Vers 1883 sortie du livre d'échantillons "Verreries de Meisenthal". Le verre moulé, à la mode, s'y ajoute à quelques nouveautés comme p. ex. des vierges, des chandeliers, des beurriers et des sucriers de couleurs vives en forme de poulet, de canard ou de tortue. Le catalogue étant rédigé en français, il faut supposer qu'il s'agit de produits pour le marché français.
Entre 1885 et 1895, Meisenthal devient l'entreprise la plus importante en verre décoratif artistique de Lorraine allemande.
A la même époque, un "contrat secret" règle la coopération entre "BURGUN, SCHVERER et Cie.", GALLE et CHRISTIAN.
Après la dissolution prématurée du contrat, en 1894, BURGUN, SCHVERER et Cie ont commercialisé de la verrerie d’Art sous la marque "Verrerie d’Art de Lorraine" ("Lothringer Kunstglasshütte")
Vallerysthal et Meisenthal deviennent les entreprises les plus importantes en verreries d’art en Alsace/Lorraine occupée.
Désirée CHRISTIAN (1846-1907) est créateur à la verrerie de Meisenthal, pour le verre et la porcelaine, type Art Nouveau.
Le nombre d’ouvriers passe de 350 en 1886 à 450 en 1893.
En 1888/ 1889 la verrerie de Meysenthal, « BURGUN, SCHVERER et Cie. », demande au tribunal de première instance de Sarreguemines la protection de ses moules pour : échantillon d'un verre moulé avec fermeture à vis ; échantillon n° 20, représentant une bouteille de liqueur en forme de flûte ; échantillon n° 21 échantillon d’une bouteille de poche avec prolongation jusqu'à 3 ans et différents articles.
1889 la verrerie de Meisenthal et Emile GALLE brillent à l’Exposition Universelle de Paris.
En 1894 GALLE développe une production de verre à Nancy et à Meisenthal.
Entre 1900 et 1919 la verrerie de Meisenthal "BURGUN, SCHVERER et Cie."se transforme en "Verreries de Meisenthal et société en commandite par actions"
Après 1900, la verrerie de Meisenthal fabrique des services de table en cristal et demi cristal soufflé à la bouche ainsi que du verre creux et du verre moulé, la commercialisation ayant essentiellement lieu grâce aux catalogues et aux établissements de Berlin, Hambourg, Paris et Londres, après 1900 à Sarreguemines et Milan, vers 1915 à Buenos Aires et au Mexique.
1907 parution du catalogue d'échantillons "Glashütte Meisenthal" avec des verres moulés. (collection Musée de Meisenthal)
1911 parution du catalogue d'échantillons "Verreries de Meisenthal".
Vers 1912, la verrerie de Meisenthal emploie environ 500 ouvriers. Meisenthal était alors un village animé grâce au raccordement ferroviaire, avec une demi douzaine de restaurants, hôtels et cafés.
La production de la verrerie de Meisenthal fut florissante jusqu’au déclenchement de la 2nde guerre mondiale. Le point le plus important ayant été la production de verre moulé à la presse destiné exclusivement à l’exportation vers les Etats-Unis.
1927 parution du catalogue "Verreries de Meisenthal", 93 pages en français avec "services de table et à liqueurs", "Gobeleterie soufflée et moulée à la presse" ainsi que "articles divers".
Un grand choix d’articles ménagers en verre pressé et soufflé se trouve dans le catalogue.
Entre 1935 et 1961, la Sté « BURGUN, SCHVERER & Co » se transforme en « Verreries de Meisenthal Société par Actions » puis en « Verreries de Meisenthal Société Anonyme ».
Après la fin de la 2nde guerre mondiale, la production s’oriente vers le verre décoratif artisanal et la fourniture pour la restauration (Brasseries de la Sarre, brasseries Munichoise, etc.).
Parution dans les années 60 du catalogue "Verreries de Meisenthal" avec une production qui restera quasiment identique jusqu’à la fermeture. Le verre moulé et pressé existe à peine, la majorité des articles étant en verre ou cristal soufflé bouche et taillé : "services de table" - carafes, cruches et verres identiques - couvrants la plus grande partie de l'offre qui s'adresse surtout à de grandes maisons privées, à des restaurants ou à des brasseries ("Articles Publicitaires pour Brasseries") et à des sociétés de transport ("Wagon Lits")
De 1965 à 1969 la verrerie de Meisenthal connaitra sa dernière directrice, madame MAAS, le dernier nom sera : "Cristalleries-Verreries de Meisenthal Société anonyme".
En 1969, la verrerie de Meisenthal sera fermée et environs 300 ouvriers seront licenciés.
03 novembre 2005
Abbaye de la Chalade
Information située à l’entrée de l’Abbaye de la Chalade.
Les verreries d’Argonne XIIIe-XVIIe siècle
A la suite des ateliers de potiers installés au IIIe-IVe siècle à la périphérie du massif argonnais, des fours de verriers sont signalés de préférence au cœur de ce massif à partir du XIIIe siècle. Les prospections ont permis de situer une cinquantaine d’ateliers. Les plus anciens ont été établis par des Cisterciens.
Les premiers verriers viennent de l’Est comme en témoignent les toponymes issus du patronyme HENNEZEL, mais ils viennent aussi du Berry, de la Vôge, des Ardennes, de Picardie, de Bourgogne, et à partir du XVIe siècle d’Italie.
Sur place, les artisans trouvent la pierre pour construire les fours et l’argile pour les maçonner.
La matière première pour la fabrication du verre, sables et grès siliceux, abonde dans la région.
Leur situation -en général au bord d’un ruisseau au confluent de deux thalwegs- parait correspondre à un rayon de collecte où la consommation du four équilibre la croissance de la forêt. Le fondant est obtenu à partir de cendres végétales, le colorant et l’argile des creusets sont importés.
Du XIIIe au XVIIe, la gobeleterie, presque toujours « vert fougère » est la production principale. Jusqu’au milieu du XIVe sont produites des coupes à pied décorées de côtes ou de motifs moulés. Dès le début du XVIe, le verre est incolore et l’influence italique(sic) s’affirme. Selon les époques, le verre plat est fabriqué en disques, en manchons ou par coulées, mais par quelques ateliers seulement. Deux d’entre eux ont même fait du vitrail.
Dans la deuxième moitié du XVIIe, les fabrications traditionnelles sont abandonnées et les ateliers qui subsistent , installés dans les vallées, se spécialisent dans la production de verre soufflé. La dernière verrerie fermera en 1930. La concentration remarquable des ateliers de verriers en Argonne en fait une des plus forte en Europe, et leur exploitation archéologique est suivie avec intérêt par les spécialistes de l’histoire de cette industrie.
La Chalade et le verre
Verrerie fondée en 1516. Les premiers verriers étaient : WARIN et des ANDROUYNS, d’origines locales. Ils fabriquaient surtout du « Gros Verre » et du « Menu Verre » cristallin.
Au XVIe siècle, en Argonne, les fabriques de la Chalade et du Four des Moines reçoivent en 1561 des commandes de verre doré… (G. Rose-Villequey)
On a découvert récemment sur l’emplacement de la verrerie des coupes en verre clair transparent à décor de côtes verticales pincées . (F. Janin, Verrerie du Binois)
Les de BIGAULT , descendants de verriers, sont aujourd’hui propriétaires d’une grande partie de l’Abbaye de la Chalade. Un « de BIGAULT » est le fondateur de la verrerie des Islettes, juste à côté.
Voir : http://abbaye.lachalade.free.fr/
http://abbaye.lachalade.free.fr/FichiersHTML/Jannin115.htm
http://perso.wanadoo.fr/de-bigault/Page5.htm
Au XVIe siècle, en Argonne, les fabriques de la Chalade et du Four des Moines reçoivent en 1561 des commandes de verre doré… (G. Rose-Villequey)
On a découvert récemment sur l’emplacement de la verrerie des coupes en verre clair transparent à décor de côtes verticales pincées . (F. Janin, Verrerie du Binois)
Les de BIGAULT , descendants de verriers, sont aujourd’hui propriétaires d’une grande partie de l’Abbaye de la Chalade. Un « de BIGAULT » est le fondateur de la verrerie des Islettes, juste à côté.
Voir : http://abbaye.lachalade.free.fr/
http://abbaye.lachalade.free.fr/FichiersHTML/Jannin115.htm
http://perso.wanadoo.fr/de-bigault/Page5.htm
Les fours à verre d'Argonne et l'influence Italienne
Cet article a été rédigé par François JANNIN .
LES FOURS A VERRE D’ARGONNE ET L’INFLUENCE ITALIENNE
L'Argonne est située au Nord-Est de la France, entre le la Champagne et la Lorraine. Au milieu de ses collines boisées, prolongement de la foret des Ardennes, passait au Moyen-Age la frontière entre le Saint-Empire et le Royaume de France.
Près des officines de poterie sigillée, des verriers s'y installent au 3ème siècle. Ils trouvent sur place du bois en abondance. Leur verre est à base de soude, venant sans doute, comme eux, des bords de la Méditérranée. Leur production ressemble à celle du reste de la Gaule. Comme pour tous les ateliers plus récents, il est impossible de reconstituer un objet, et parfois difficile de l'imaginer sans recourir aux fouilles de sépultures et d'habitats ou à l'iconographie.
Au Moyen-Age, les abbayes jouent un rôle prépondérant dans l'installation des verreries qui sont, avec la métallurgie et la céramique, les seuls moyens d'exploiter des forêts peu acccessibles. L'abbaye cistercienne de La Chalade en compte, à elle seule, au moins 7, réparties à intervalles presque réguliers. Près d'une soixantaine sont repérées aujourd'hui, sur moins de 1000 km2.
La verrerie des Bercettes, la plus ancienne qui soit datée avec précision, par documents et archéomàgnétisme, s'est éteinte en 1247. La fouille de 1985 y montre un alandier ou foyer de 50 cm X 50 orienté O-E traversant le massif du four, avec 3 creusets de chaque coté. C'est, pour l'instant, le plus ancien atelier où l'on trouve les coupes à haute tige en verre fougère, ornées de pointillés ou de nervures, dont l'étude par Mme Krueger et de Mr Baumgartner a montré la diffusion dans tout le nord de l'Europe. Quelques toponymes voisins laissent supposer que plusieurs de ces verriers étaient des HENNEZEL .
Un autre site verrier à moins de 2 kms montre un four presque semblable avec des productions plus variées, verre plat et vitraux. Il s'est éteint vers 1360, victime, comme tous ceux de la région, des guerres et des épidémies.
Ils se rallument seulement vers 1500, avec un changement complet de matière et de forme. Les coupes à haute tige ont disparu, remplacées par des coupes plus basses, à pieds refoulés en verre incolore. Que s'est-il passé?
Levi rappelle, dans “ l'Arte del Vetro in Murano ” le voyage à Venise en 1492 de deux verriers de Lorraine, François du TISALl et Robert LE LORRAIN, qui échangèrent le secret du verre en tables contre celui du “ Cristallo ”. Mais la famille de LORRAIN n'est signalée en Argonne que 60 ans plus tard.
Cependant, d'autres verriers d'Italie, qui n'étaient pas tenus au secret comme les Vénitiens, passent bientot les Alpes. C'est le moment où les banquiers italiens, à la fois moteurs et bénéficiaires de l'expansion économique du 16éme siècle prennent chez nous la succession des prêteurs juifs expulsés. En témoignent les “ Rue des Lombards ” que l'on trouve dans nos villages, et même à Sainte Ménéhould, capitale de l'Argonne, un “ Quartier du Milanais ”. Quels ont été leurs liens, de cause ou effet, avec les verriers? Leurs archives ont malheureusement disparu. Mais il y a un fait troublant:
En 1518, quand le verrier Warin des ANDROUINS loue la moitié du four du Binois, au coeur de l'Argonne, l'autre moitié est déjà louée par Aubriot PEROT. Et quand ce dernier, six ans plus tard, arrive au bout de son bail, il se retire dans un village voisin et se porte garant des verriers DORLODOT, signalés au même moment. Sont-ils d'origine italienne, comme certains l'ont supposé? Questions pour l'intant sans réponses.
Ce qui est certain, c'est que Bertrand des ANDROUINS, fils de Warin, a appris, nous dit un acte de 1541, “ l'art et science de faire christallin ”. Rien ne nous dit qu'il l'ait appris en Italie. N'est-ce pas plutot en voyant travailler PEROT, à coté de son père?
Un verrier italien, MASSARD, est signalé en meme temps, non loin de l'Argonne, à Charles-Fontaine, prés de St. Gobain. Sa fille Marie épouse Gilles de BROSSARD, verrier d'origine normande, et leur fils, Toussaint de BROSSARD travaille en Argonne, au four les Moines, dans la 2ème moitié du 16ème siècle. Ses cousins MASSARD le suivront bientot.
Les Italiens sont absents de la forte activité des verriers d'Argonne à la fin du 16ème siècle. C'est une conséquence des mesures protectionistes du duc de Lorraine, et peut-etre aussi de la difficulté à se procurer sur place la soude, à laquelle ils sont habitués. Le verre d'Argonne utilisera encore longtemps la potasse des cendres forestières, comme le prouvent une centaine d'analyses d'échantillons de plusieurs sites locaux, du 13ème au 18ème siècle, publiés par Velde et Barrera.
Toute la première moitié du 17ème siècle est troublée par les guerres qui vont donner à la France l'Argonne, puis la Lorraine. Enfin les verriers rallument leurs fours. Ils copient les modèles italiens et même le lion de Venise, toujours en verre à la potasse. Les creusets utilisés sont à base ronde mais à panse ovalisée.
Bientôt le roi Louis XIV étend à la Lorraine la politique d'investissements industriels étrangers déjà entreprise dans le reste du royaume. Le 09 Juillet 1667, le Privilège du Roi, c'est-à-dire la monopole de fabrication, est accordé pour un rayon de 10 lieues (40 km) à Mr Tilman D’HEUR, maitre verrier provenant des Pays-Bas et établi à Verdun, pour produire des cristaux, du cristallin et des glaces à la façon de Venise.
Son atelier est aujourd'hui un champ labouré près de la Meuse. La prospection y a fourni du très beau verre à la soude, parfois filigrané, des morceaux de manganèse et des tessons de creusets dont l'un, quadrangulaire, a pu servir à la coulée des glaces. Les verriers proviennent des Pays-Bas (on cite des LIBON et BONHOMME) d'Argonne, de Picardie, des Landes. Des Italiens sont là aussi: J.B. CINGANO, venant en 1674 de la verrerie alsacienne de Ribeauvillé, et surtout les ALASSARD, dont les filles épousent des verriers français.
Grace aux recherches généalogiques du Prof. Meunier de Nancy, nous retrouverons l'origine des MASSARI : Jean et son fils Vincent, nés à Altare, dont la noblesse est reconnue et certifiée plusieurs fois par les GONZAGUE , duc de Monferrat et Mantoue. Est-ce un hasard si nous trouvons aussi au début du 17ème siècle, un GONZAGUE comme gouverneur de Ste Ménéhould, capitale de l'Argonne?
Le monopole du nouveau four oblige les verriers d'Argonne, après plusieurs procès, à abandonner le verre fin. Un four éteint à ce moment a pu être reconstitué .
La plupart vont souffler des bouteilles pour le vin mousseux de Champagne, que l'on apprend à conserver à cette époque. Un four à bouteilles éteint vers 1680 a été recemment fouillé. Deux "crassiers" ou dépotoirs sont de chaque coté du four. Assez semblable au précédent, il chauffait par les deux extémités de l'alendier. Au fond du foyer, les couches de verre fondu provenant de la rupture des creusets alternent avec couches de cendres. Le four devait comporter aussi, à droite et à gauche, un compartiment pour le recuit et un pour la préparation de la "fritte".
Pour contrer le monopole, des verriers se déplacent vers l'ouest, en particulier à l'abbaye de Chatrices, où ils s'associent à des Italiens: en 1572, à Rouen en 1598, et surtout des MASSART : Vincent, son fils et son petit-fils tous deux nommés Jean-Baptiste, ses neveux Jean-Baptiste de MASSARD et Michel de BORMIOL, dont la famille aussi altariste, les BORMIOLO, est présente à Lyon en 1582, en Normandie en 1646.
Le site verrier de Chatrices, en zone habitée, n'a pas été fouillé. Mais un nettoyage de la rivière voisine a permis l'an dernier de déconvrir de nombreux tessons de gobelets à facettes, à base concave, et d'un grand verre conique à fond refoulé. La matière est bleu verdâtre, trés fine, probablement sodisque. Deux fragments d'objets ressemblant à des mortiers ont aussi été trouvés. Leur matière, une terre cuite tendre, fait plutot penser à des moules de soufflage. L'un est orné de croix potencées. Malheurensement, la verrerie de Chatrices comme celle de Verdun sont situées en bordure de la zone forestiére, où le bois, consommé en grande partie par les régions plus peuplées, est plus rare et plus cher. Elles ne pourront y subsister longtemps, et s'éteignent avant 1700. Les verriers italiens quittent alors définitivement l'Argonne. A part une seule tentative de retour au "verre blanc" aux environs de 1800, les fours d'Argonne ne feront plus que des boutellles de toutes sortes, et, accessoirement, des cloches de jardin. La verrerie avait, en Argonne, cessé d'etre un art pour devenir une industrie
FRANCOIS JANNIN
Bibliografia
Archives départementales, Meuse, Marne, Ardennes.
Archives du Clermentois d'Argonne, Musée de Condé, Chantilly.
C. BROUILLON, 1903, Histoire de l'abbaye de Chatrices, Reims.
BUIRETTE, 1882, Histoire de Sainte-Menebauld et de ses environs, Sainte-Menehauld, Duval.
Fonds Gillant, Bibliotèque municipale Verdun.
A. DE GIRANCOURT, 1886, Nonvelle étude sur la verrerie de Rouen Cangiard-Ronen. F. JANNIN, 1978, La verrerie du Binois, in Découverte de l'Argonne, I, Editions du Centre d'Etudes Argonnais, pp. 5 - 33.
F. JANNIN, 1980, A la recherche du patrimoine industrie de l'Argonne-Perutt, la Chevrie, Parfourut, in Déconverte de l'Argonne, II, pp. 5 - 46.
F. JANNIN, 1987, La verrerie de la Fontaine-la Mitte, “ Horizons d'Argonne ”, 54, p. 53 - 68
F. JANNIN, 1990, Fouilles des ateliers des Bercettes. Pairu-Pologne, “ Revue archèologique de l'Est et du Centre Est ”, Pe Supplement, Dijon.
F. JANNIN, à paraitre, Les verreries médiévales d'Argonne, Annales du II congrès de l'AIHV Bale 1988”.
STENGER, 1988, Verreries et verriers d'Alsace du XVI au XX Siècle, “ Saisons d'Alsace ”, 99, Strasbourg.
B. VELDE et J. BARRERA, 1986, Notice sur la composition de la verrerie médiévale et post-médiévale, “ Nouvelles de l'Archéologie ”, 23, pp. 34 - 35.
LES FOURS A VERRE D’ARGONNE ET L’INFLUENCE ITALIENNE
L'Argonne est située au Nord-Est de la France, entre le la Champagne et la Lorraine. Au milieu de ses collines boisées, prolongement de la foret des Ardennes, passait au Moyen-Age la frontière entre le Saint-Empire et le Royaume de France.
Près des officines de poterie sigillée, des verriers s'y installent au 3ème siècle. Ils trouvent sur place du bois en abondance. Leur verre est à base de soude, venant sans doute, comme eux, des bords de la Méditérranée. Leur production ressemble à celle du reste de la Gaule. Comme pour tous les ateliers plus récents, il est impossible de reconstituer un objet, et parfois difficile de l'imaginer sans recourir aux fouilles de sépultures et d'habitats ou à l'iconographie.
Au Moyen-Age, les abbayes jouent un rôle prépondérant dans l'installation des verreries qui sont, avec la métallurgie et la céramique, les seuls moyens d'exploiter des forêts peu acccessibles. L'abbaye cistercienne de La Chalade en compte, à elle seule, au moins 7, réparties à intervalles presque réguliers. Près d'une soixantaine sont repérées aujourd'hui, sur moins de 1000 km2.
La verrerie des Bercettes, la plus ancienne qui soit datée avec précision, par documents et archéomàgnétisme, s'est éteinte en 1247. La fouille de 1985 y montre un alandier ou foyer de 50 cm X 50 orienté O-E traversant le massif du four, avec 3 creusets de chaque coté. C'est, pour l'instant, le plus ancien atelier où l'on trouve les coupes à haute tige en verre fougère, ornées de pointillés ou de nervures, dont l'étude par Mme Krueger et de Mr Baumgartner a montré la diffusion dans tout le nord de l'Europe. Quelques toponymes voisins laissent supposer que plusieurs de ces verriers étaient des HENNEZEL .
Un autre site verrier à moins de 2 kms montre un four presque semblable avec des productions plus variées, verre plat et vitraux. Il s'est éteint vers 1360, victime, comme tous ceux de la région, des guerres et des épidémies.
Ils se rallument seulement vers 1500, avec un changement complet de matière et de forme. Les coupes à haute tige ont disparu, remplacées par des coupes plus basses, à pieds refoulés en verre incolore. Que s'est-il passé?
Levi rappelle, dans “ l'Arte del Vetro in Murano ” le voyage à Venise en 1492 de deux verriers de Lorraine, François du TISALl et Robert LE LORRAIN, qui échangèrent le secret du verre en tables contre celui du “ Cristallo ”. Mais la famille de LORRAIN n'est signalée en Argonne que 60 ans plus tard.
Cependant, d'autres verriers d'Italie, qui n'étaient pas tenus au secret comme les Vénitiens, passent bientot les Alpes. C'est le moment où les banquiers italiens, à la fois moteurs et bénéficiaires de l'expansion économique du 16éme siècle prennent chez nous la succession des prêteurs juifs expulsés. En témoignent les “ Rue des Lombards ” que l'on trouve dans nos villages, et même à Sainte Ménéhould, capitale de l'Argonne, un “ Quartier du Milanais ”. Quels ont été leurs liens, de cause ou effet, avec les verriers? Leurs archives ont malheureusement disparu. Mais il y a un fait troublant:
En 1518, quand le verrier Warin des ANDROUINS loue la moitié du four du Binois, au coeur de l'Argonne, l'autre moitié est déjà louée par Aubriot PEROT. Et quand ce dernier, six ans plus tard, arrive au bout de son bail, il se retire dans un village voisin et se porte garant des verriers DORLODOT, signalés au même moment. Sont-ils d'origine italienne, comme certains l'ont supposé? Questions pour l'intant sans réponses.
Ce qui est certain, c'est que Bertrand des ANDROUINS, fils de Warin, a appris, nous dit un acte de 1541, “ l'art et science de faire christallin ”. Rien ne nous dit qu'il l'ait appris en Italie. N'est-ce pas plutot en voyant travailler PEROT, à coté de son père?
Un verrier italien, MASSARD, est signalé en meme temps, non loin de l'Argonne, à Charles-Fontaine, prés de St. Gobain. Sa fille Marie épouse Gilles de BROSSARD, verrier d'origine normande, et leur fils, Toussaint de BROSSARD travaille en Argonne, au four les Moines, dans la 2ème moitié du 16ème siècle. Ses cousins MASSARD le suivront bientot.
Les Italiens sont absents de la forte activité des verriers d'Argonne à la fin du 16ème siècle. C'est une conséquence des mesures protectionistes du duc de Lorraine, et peut-etre aussi de la difficulté à se procurer sur place la soude, à laquelle ils sont habitués. Le verre d'Argonne utilisera encore longtemps la potasse des cendres forestières, comme le prouvent une centaine d'analyses d'échantillons de plusieurs sites locaux, du 13ème au 18ème siècle, publiés par Velde et Barrera.
Toute la première moitié du 17ème siècle est troublée par les guerres qui vont donner à la France l'Argonne, puis la Lorraine. Enfin les verriers rallument leurs fours. Ils copient les modèles italiens et même le lion de Venise, toujours en verre à la potasse. Les creusets utilisés sont à base ronde mais à panse ovalisée.
Bientôt le roi Louis XIV étend à la Lorraine la politique d'investissements industriels étrangers déjà entreprise dans le reste du royaume. Le 09 Juillet 1667, le Privilège du Roi, c'est-à-dire la monopole de fabrication, est accordé pour un rayon de 10 lieues (40 km) à Mr Tilman D’HEUR, maitre verrier provenant des Pays-Bas et établi à Verdun, pour produire des cristaux, du cristallin et des glaces à la façon de Venise.
Son atelier est aujourd'hui un champ labouré près de la Meuse. La prospection y a fourni du très beau verre à la soude, parfois filigrané, des morceaux de manganèse et des tessons de creusets dont l'un, quadrangulaire, a pu servir à la coulée des glaces. Les verriers proviennent des Pays-Bas (on cite des LIBON et BONHOMME) d'Argonne, de Picardie, des Landes. Des Italiens sont là aussi: J.B. CINGANO, venant en 1674 de la verrerie alsacienne de Ribeauvillé, et surtout les ALASSARD, dont les filles épousent des verriers français.
Grace aux recherches généalogiques du Prof. Meunier de Nancy, nous retrouverons l'origine des MASSARI : Jean et son fils Vincent, nés à Altare, dont la noblesse est reconnue et certifiée plusieurs fois par les GONZAGUE , duc de Monferrat et Mantoue. Est-ce un hasard si nous trouvons aussi au début du 17ème siècle, un GONZAGUE comme gouverneur de Ste Ménéhould, capitale de l'Argonne?
Le monopole du nouveau four oblige les verriers d'Argonne, après plusieurs procès, à abandonner le verre fin. Un four éteint à ce moment a pu être reconstitué .
La plupart vont souffler des bouteilles pour le vin mousseux de Champagne, que l'on apprend à conserver à cette époque. Un four à bouteilles éteint vers 1680 a été recemment fouillé. Deux "crassiers" ou dépotoirs sont de chaque coté du four. Assez semblable au précédent, il chauffait par les deux extémités de l'alendier. Au fond du foyer, les couches de verre fondu provenant de la rupture des creusets alternent avec couches de cendres. Le four devait comporter aussi, à droite et à gauche, un compartiment pour le recuit et un pour la préparation de la "fritte".
Pour contrer le monopole, des verriers se déplacent vers l'ouest, en particulier à l'abbaye de Chatrices, où ils s'associent à des Italiens: en 1572, à Rouen en 1598, et surtout des MASSART : Vincent, son fils et son petit-fils tous deux nommés Jean-Baptiste, ses neveux Jean-Baptiste de MASSARD et Michel de BORMIOL, dont la famille aussi altariste, les BORMIOLO, est présente à Lyon en 1582, en Normandie en 1646.
Le site verrier de Chatrices, en zone habitée, n'a pas été fouillé. Mais un nettoyage de la rivière voisine a permis l'an dernier de déconvrir de nombreux tessons de gobelets à facettes, à base concave, et d'un grand verre conique à fond refoulé. La matière est bleu verdâtre, trés fine, probablement sodisque. Deux fragments d'objets ressemblant à des mortiers ont aussi été trouvés. Leur matière, une terre cuite tendre, fait plutot penser à des moules de soufflage. L'un est orné de croix potencées. Malheurensement, la verrerie de Chatrices comme celle de Verdun sont situées en bordure de la zone forestiére, où le bois, consommé en grande partie par les régions plus peuplées, est plus rare et plus cher. Elles ne pourront y subsister longtemps, et s'éteignent avant 1700. Les verriers italiens quittent alors définitivement l'Argonne. A part une seule tentative de retour au "verre blanc" aux environs de 1800, les fours d'Argonne ne feront plus que des boutellles de toutes sortes, et, accessoirement, des cloches de jardin. La verrerie avait, en Argonne, cessé d'etre un art pour devenir une industrie
FRANCOIS JANNIN
Bibliografia
Archives départementales, Meuse, Marne, Ardennes.
Archives du Clermentois d'Argonne, Musée de Condé, Chantilly.
C. BROUILLON, 1903, Histoire de l'abbaye de Chatrices, Reims.
BUIRETTE, 1882, Histoire de Sainte-Menebauld et de ses environs, Sainte-Menehauld, Duval.
Fonds Gillant, Bibliotèque municipale Verdun.
A. DE GIRANCOURT, 1886, Nonvelle étude sur la verrerie de Rouen Cangiard-Ronen. F. JANNIN, 1978, La verrerie du Binois, in Découverte de l'Argonne, I, Editions du Centre d'Etudes Argonnais, pp. 5 - 33.
F. JANNIN, 1980, A la recherche du patrimoine industrie de l'Argonne-Perutt, la Chevrie, Parfourut, in Déconverte de l'Argonne, II, pp. 5 - 46.
F. JANNIN, 1987, La verrerie de la Fontaine-la Mitte, “ Horizons d'Argonne ”, 54, p. 53 - 68
F. JANNIN, 1990, Fouilles des ateliers des Bercettes. Pairu-Pologne, “ Revue archèologique de l'Est et du Centre Est ”, Pe Supplement, Dijon.
F. JANNIN, à paraitre, Les verreries médiévales d'Argonne, Annales du II congrès de l'AIHV Bale 1988”.
STENGER, 1988, Verreries et verriers d'Alsace du XVI au XX Siècle, “ Saisons d'Alsace ”, 99, Strasbourg.
B. VELDE et J. BARRERA, 1986, Notice sur la composition de la verrerie médiévale et post-médiévale, “ Nouvelles de l'Archéologie ”, 23, pp. 34 - 35.
Futeau
Information Futeau
Situé au milieu de la forêt Argonnaise meusienne, dans la vallée de la Biesmes, Futeau est un village du XVIe siècle, c'est-à-dire relativement récent par rapport à beaucoup de villages meusiens qui datent du Moyen-Age, voire de l’époque Gallo-Romaine.
Ce village bordé de forêt doit son charme à la présence, en particulier au hameau de Bellefontaine, de maisons à pans de bois et torchis, modestes et rustiques, anciennes demeures de la noblesse verrière. Le hameau de Conrupt conserve une vieille demeure de gentilhomme verrier transformée en ferme. C’est le seul vestige des verreries : l’une brûla en 1820, l’autre fut démolie vers 1840.
Futeau fut pratiquement fondé par les moines de Beaulieu. En 1555, Guillaume de la Marck autorisa la création d’un four à verre à Conrupt. Bientôt le Duc de Lorraine et Bar, décidant d’imiter les moines, autorisa l’établissement de verreries à Bellefontaine et à la Contrôlerie. Progressivement, ces trois verreries (Conrupt, Bellefontaine et la Contrôlerie) se transformèrent en véritables villages par l’apport d’ouvriers et de leurs familles venues travailler. Futeau abritera surtout les ouvriers non nobles : bûcherons, personnel annexe des verreries.
La disparition des verreries au début du XIXe siècle réduisit les habitants à la misère et au chômage. Ils se spécialisèrent dans le travail forestier. Cette population de travailleurs des bois : bûcherons, scieurs de long, charbonniers et d’étameurs ambulants partait chaque année à travers les campagnes du Nord de la France. Les femmes faisaient la cueillette des framboises, des fraises et des champignons que plusieurs d’entre elles vendaient à Châlons de maison en maison.
Il n’existe pas à Futeau d’église ancienne, peut-être du fait de la présence d’une population protestante nombreuse jusqu’au milieu du XVIIe. L’église actuelle fut construite dans les années 1860 par l’abbé AUBRY, pour sa pauvre paroisse pour laquelle il quêta dans toute la région.
Bellefontaine, hameau de Futeau
Bellefontaine
Une verrerie est à l'origine du village de Bellefontaine, écart de Futeau, où des verriers avaient leur séjour.
L'église de Bellefontaine de 1720 a été détruite vers 1960.
Une verrerie est à l'origine du village de Bellefontaine, écart de Futeau, où des verriers avaient leur séjour.
L'église de Bellefontaine de 1720 a été détruite vers 1960.
Les Islettes
Situé sur la rive droite de la Biesme et dans un agréable décor de collines boisées, le village des Islettes tient son nom de la configuration et de l’hydrographie particulière du terrain, parsemé d’étangs naturels et artificiels.
Le village, assez jeune, vit le jour à l’installation des verreries dans la région de Futeau. De nombreux hameaux se formèrent, constituant la commune des Islettes.
Abritant tour à tour verreries, tuileries et faïenceries, mais aussi centre de commerce de bois et de fourrage, la commune est fortement marquée par un artisanat varié. Aujourd’hui pourtant, on associe essentiellement les Islettes au verre et à la faïence. Les assiettes et les plats des Islettes sont d’ailleurs très recherchés.
La verrerie des Islettes doit son origine à la forge BAILLET et fut la seule à subsister en Argonne jusqu’en 1936. Après une période faste, dès le XVIIe siècle, la verrerie Argonnaise connaît des difficultés. Entre autres tentatives de reconversion, beaucoup de verrerie se spécialisent dans la fabrication de bouteilles, destinées soit au vin mousseux de Champagne, soit à l’eau de vie. Pendant tout le XVIIIe siècle, la verrerie dépendra des fluctuations du marché du vin. La Révolution va accélérer la disparition des usines marginales. Pressentant la prochaine évolution industrielle, l’un des deux derniers verriers d’Argonne choisit de s’installer aux Islettes (1870), du fait de la proximité de la voie ferrée. Après la mort d'Eugène de Granrut, l'usine des Islettes va seule subsister en Argonne, rachetée par Louis du Granrut, successeur des demoiselles de Parfonrut, qui ferme les Sénades vers 1910. Après la Première Guerre Mondiale, elle est remise à feu dès 1919. La fabrication des bouteilles est automatisée, de nouvelles productions sont lancées (isolateurs électriques, bocaux de conserves Idéale). Hélas, victime de la crise économique des années trente, où seules les usines les mieux placées réussissent à survivre, et ses fours ayant subi de graves avaries, elle doit s'éteindre en 1936.
Le village, assez jeune, vit le jour à l’installation des verreries dans la région de Futeau. De nombreux hameaux se formèrent, constituant la commune des Islettes.
Abritant tour à tour verreries, tuileries et faïenceries, mais aussi centre de commerce de bois et de fourrage, la commune est fortement marquée par un artisanat varié. Aujourd’hui pourtant, on associe essentiellement les Islettes au verre et à la faïence. Les assiettes et les plats des Islettes sont d’ailleurs très recherchés.
La verrerie des Islettes doit son origine à la forge BAILLET et fut la seule à subsister en Argonne jusqu’en 1936. Après une période faste, dès le XVIIe siècle, la verrerie Argonnaise connaît des difficultés. Entre autres tentatives de reconversion, beaucoup de verrerie se spécialisent dans la fabrication de bouteilles, destinées soit au vin mousseux de Champagne, soit à l’eau de vie. Pendant tout le XVIIIe siècle, la verrerie dépendra des fluctuations du marché du vin. La Révolution va accélérer la disparition des usines marginales. Pressentant la prochaine évolution industrielle, l’un des deux derniers verriers d’Argonne choisit de s’installer aux Islettes (1870), du fait de la proximité de la voie ferrée. Après la mort d'Eugène de Granrut, l'usine des Islettes va seule subsister en Argonne, rachetée par Louis du Granrut, successeur des demoiselles de Parfonrut, qui ferme les Sénades vers 1910. Après la Première Guerre Mondiale, elle est remise à feu dès 1919. La fabrication des bouteilles est automatisée, de nouvelles productions sont lancées (isolateurs électriques, bocaux de conserves Idéale). Hélas, victime de la crise économique des années trente, où seules les usines les mieux placées réussissent à survivre, et ses fours ayant subi de graves avaries, elle doit s'éteindre en 1936.